Pédagogie active et éducation musicale

Ne cherchez pas dans cet article une quelconque vérité ou des préceptes… il ne s’agit que d’un retour synthétique de diverses personnes (exceptionnelles) que j’ai eu la chance d’entendre ou de rencontrer ou bien aussi parfois d’un retour d’expérience après vingt années de tâtonnements et d’expérimentation (et ce n’est pas terminé).

Pédagogie active

La pédagogie active n’est pas une notion si récente que cela. Elle s’oppose à la pédagogie descendante avec un cours mené par un « enseignant expert ». Pestalozzi, pédagogue suisse, développe au XVIIIe siècle le fait que l’acquisition des connaissances se fait par l’expérience et la manipulation, que le maître doit observer ses élèves pour construire ses leçons :

En 1964, dans ses Invariants Pédagogiques, Freinet indique que : « La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration, processus essentiels de l’Ecole, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle. » (Invariant n°11).

Une étude de 2014 fait jaillir le bénéfice tiré d’une pédagogie active par rapport à une pédagogie passive, que ce soit au niveau des acquisitions des  fondamentaux qu’au niveau des examens.(extrait du séminaire Fondements cognitifs des apprentissages scolaires, Collège de France, Stanislas Dehaene, https://www.youtube.com/watch?v=T_dlw8RuXIg).

Ce que j’ai retenu…

Le professeur est un guide pour :

  • Rendre l’élève acteur de ses apprentissages : personne parmi nous ne pourrait tirer profit de sept heures quotidiennes de pédagogie descendante… En éducation musicale, mettre l’élève en activité le plus possible. On oublie les longs discours, à part peut-être les anecdotes croustillantes qui font que ces discours deviennent un moment de plaisir savoureux pour l’élève (Lully et son bâton de direction…)
  • Fonctionner en projet : ce qui induit des difficultés à surmonter, des problèmes à résoudre des contenus à comprendre, une stratégie à élaborer. En éducation musicale : le projet musical, la tâche complexe qui va soulever l’intérêt des élèves, à la façon d’un défi.
  • Développer l’autonomie : le travail en îlot, avec des activités muries au préalable permettent aux élèves de gagner en autonomie et d’acquérir le sens de l’initiative. La ludification des îlots peut accentuer le phénomène.
  • Travailler en groupe pour laisser les pairs intervenir : on apprend mieux des pairs ( le discours semble souvent plus clair dans la reformulation) dans le partage et dans l’écoute. On apprend mieux soi-même en transmettant aux autres.
  • Interagir en classe : dans un cadre de prise de parole codifié les échanges dans le respect permettent de maintenir l’attention du plus grand nombre ; ce qui ne signifie pas que l’élève qui n’interagit pas à l’oral n’est pas engagé dans le cours.
  • S’auto-évaluer, évaluer ses besoins, remédier aux difficultés : avoir conscience de ses réussites et de ses erreurs (afin de les corriger et d’en tirer profit).

La pédagogie active est différente de la pédagogie de la découverte, il s’agit d’une pédagogie guidée par l’enseignant (S. Dehaene).

Pédagogie et neurosciences

Avec l’avancée des neurosciences notre pédagogie ne peut que se nourrir de ce qui a été découvert, en commençant par des notions simples. Par exemple, pour mémoriser une information le cerveau a besoin au minimum de trois passages, d’où l’intérêt de réactiver les apprentissages et de les tester de façon régulière et répétitive. Il nous faut vingt et un jours pour intégrer une nouvelle habitude. Il ne faut pas confondre attraction et distraction, le cerveau a besoin de se focaliser sur la tâche principale (épure des documents proposée par André Tricot).

Pédagogie et bienveillance

La bienveillance n’est pas « chercher à plaire » mais « prendre soin de… ». Eirick Prairat dans Enseigner avec tact.

Si on considère que l’erreur est normale, l’action corrective est efficace, l’enseignant encourage et ne juge pas.

Une classe bruyante peut être une classe qui travaille mais ne parvient pas à canaliser son énergie (on peut projeter un audiomètre afin que les élèves régulent d’eux mêmes le volume sonore) ; une classe bruyante peut être une classe qui s’ennuie (cours descendant), on peut mettre les élèves en activité, afin que les élèves soient acteurs de leurs apprentissages. C’est à l’enseignant d’observer le fonctionnement de sa classe et à prendre soin des élèves.

Pédagogie active et numérique

Jean-François Céci a donné à l’UNA 2018 une conférence sur « Les défis de l’école à l’ère du numérique » ; lors de cette conférence il a abordé un point qu’il appelle l' »amplification pédagogique ». Je vous invite à prendre connaissance de ce point de vue, que je partage, concernant le numérique et la pédagogie :

 

Il n’est pas rare d’assister encore à des séances qui se veulent numériques (donc forcément innovantes ?) mais entièrement descendantes : projection d’un cours au tableau ; visionnage d’une vidéo sur une plateforme  d’hébergement suivi d’un texte à trou ; exposé de l’enseignant via diaporama… La question que je me pose du coup est de l’utilité ou de l’intérêt du numérique dans ces situations, si ce n’est de perdre l’attention des élèves, de nuire à leur motivation, d’entraîner le zapping dont ils sont coutumiers lorsque le sujet manque d’intérêt (ceci est d’ailleurs valable également pour les adultes…).

En résumé

Ce que je retiens de la pédagogie active :

  1. Convoquer l’attention des élèves
  2. Leur permettre de s’engager de façon active dans le cours
  3. Faire un retour interactif des informations et des notions abordées
  4. Consolider les apprentissages (de façon variée et/ou ludique)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *