3e : Musique et image, musique et cinéma

Ayant d’abord pour rôle de couvrir le bruit des projecteurs la musique dans le cinéma a désormais un rôle important dans l’avancée de l’action. Les codes musicaux utilisés dans les films font partie de notre culture mais il est intéressant de les écouter plus en détail. Comment la musique de film véhicule-t-elle codes et symboles?

Musique et cinéma, mini séquence à distance

Sans supprimer l’ancien contenu je vous propose une présentation interactive de cette séquence sous forme de mini séquence créée pour être adaptée à l’enseignement à distance. Les séances 2 et 3 sont en cours de création ; la séance 1 est active.

Musique et cinéma, une idée de séquence en présence

Du cinéma muet au film parlant

1896, L’arroseur arrosé des Frères Lumière… A cette époque, un pianiste accompagne la projection du film en direct : il improvise. Cela permet de couvrir le bruit du projecteur :

arroseur-b19ce

 

1927,  Le chanteur de jazz d’Alan Crosland, premier film parlant… Musique de Louis Silvers :

jazz-9e3f4

 

A chaque genre sa musique…

Prenons Le Cinquième Elément de Luc Besson (musique d’Eric Serra) qui est votre oeuvre de référence…


La bande son permet de découper la scène suivante en trois parties, mais donne également d’autres indices :

Scène de la diva

On peut repérer une première partie qui est un air d’opéra tiré d’un opéra de Donizetti Lucia di Lammermoor, l’Air de la Folie, que vous pouvez réentendre ICI. Cet air est interprété par une soprano accompagnée d’un orchestre, le tempo est lent, le caractère plutôt calme et mélancolique.

Ensuite on repère les premiers dialogues évoquant l’amarrage d’un vaisseau, avec en fond sonore toujours l’Air de la Folie. On entend des voix qui ne semblent pas être humaines de par leur timbre.

Enfin, cet air se métamorphose en une mélodie surréaliste, avec une tessiture impossible pour un être humain, une rapidité d’exécution improbable dans certaines vocalises, il s’agit d’une musique écrite par Eric Serra. Les rythmes chantés sont calqués sur la chorégraphie de combat et les coups portés par l’héroïne. Le caractère est énergique, les instruments sont électroniques et accompagnent une voix retravaillée sur l’ordinateur. Il s’agit cette fois de musique électro.

Le spectateur qui est aussi auditeur est embarqué dans un monde inhabituel, dans le futur, à bord d’un vaisseau spatial, dans un monde où humains et extra-terrestres cohabitent plus ou moins bien : il s’agit de science fiction.

La musique de film, un élément capital…

La musique de film est voulue par le réalisateur qui travaille en collaboration avec un compositeur. Parfois ces « duos » sont les mêmes depuis de nombreuses années (c’est le cas d’Eric Serra et de Luc Besson, ou de Bernard Hermann et Alfred Hitchcock…) Il peut s’agir de musique pré-existante (comme l’Air de la Folie dans Le Cinquième Elément), ou de musique composée spécialement pour le film : on parle alors de « bande originale » (BO).

La bande son d’un film actuel est composée de trois éléments indissociables :

- les dialogues, voix off, commentaires, monologues etc
- les bruitages, beaucoup de bruits du quotidiens ne sont pas naturels mais produits par les hommes et ont une origine et une conséquence sociale (dans une rue fréquentée : le passages de véhicules, voitures, camions, bus, tram, vélos, motos etc ; le grésillement des néons, les portes qui claquent, les gens qui marchent, la foule qui bourdonne, le chien qui aboie ; les sons de la nature, vent, pluie, orage, feuilles, herbe etc). Comme dans la réalité nous ne sommes que très rarement confrontés au vrai silence… qui peut alors être générateur de tension.
- la musique, qui peut être métaphorique (voir par exemple dans la scène de la douche de Psychose d’Alfred Hitchcock) ou en contraste avec l’image (c’est le cas dans Scary Moovie)

  • Une musique métaphorique…

Regardons la scène de la douche de Psychose, d’abord avec la musique puis sans la musique. On clique sur l’image :

douche_psychose-12728

Nous sommes d’accord pour dire que l’effet n’est absolument pas le même ! Les stridences des cordes, les répétitions de sons particulièrement dissonants sont à l’origine de la montée de l’angoisse et de l’ambiance inquiétante… C’est quasi inévitable, et ça a été du coup utilisé dans nombre de films d’horreur, ou de suspens. Un code musical qui fait aujourd’hui partie de notre culture et qui est lié définitivement à ce genre de scènes.

  • Une musique en contraste avec l’image…

C’est le cas de la scène du piano dans l’escalier, extrait de Scary Moovie, film de Keenen Ivory Wayans (musique de David Kitay)… Ecoutez les dissonances du piano elles prennent ici un effet comique. Les codes sont détournés et contribuent au genre humoristique et satirique du film. Un p’tit clic :

scary_moovie-5fef6

D’autres codes musicaux…

  • L’amour

Avec le film emblématique Love Story de Arthur Hiller (musique Francis Lai) :

love_story-20e1b

Le piano, les cordes frottées, une mélodie volubile mais calme, posée.

  • L’aventure

Indiana Jones de Steven Spielberg (musique de John Williams)

indiana_jones-63c6f

Un gros orchestre, la présence des percussions, une musique puissante et énergique.

  • La guerre

Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg (musique de John Williams)

ryan-c50e4

Musique militaire, présence des percussions (tambours, caisses claires), des cuivres, chœur.

  • Le western

Il était une fois dans l’ouest de Sergio Leone (musique d’Ennio Morricone)

dans_l_ouest-2eb16
La mythique scène du duel, harmonica, musique traditionnelle américaine, parfois des chants d’indiens, violon, banjo etc.

Et si on jouait maintenant ?

 

So… Let’s sing My heart will go on !

La partition…

Le karaoké…

Le projet musical

Chanteurs professionnels et bruiteurs, vous allez devoir sonoriser la scène culte « I’m flying » à l’aide de la chanson My heart will go on, mais aussi avec des bruitages et éventuellement dialogues en post-synchronisation. Les rôles devront absolument être répartis dans l’îlot.